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Immigration, écologie, économie… Un futur électeur de Bardella et une future électrice de Toussaint se confrontent à 10 jours des Européennes

En 2019, 40 % des 18-34 ans ont voté lors des élections européennes, selon une enquête d’Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, RFI et France 24. Photo illustration

Immigration, écologie, économie… Un futur électeur de Bardella et une future électrice de Toussaint se confrontent à 10 jours des Européennes

ENTRETIEN-La date approche. Des millions de citoyens vont se rendre aux urnes dimanche 9 juin afin d’élire celui qui s’assoira sur les sièges du Parlement européen et qui dirigera la nouvelle Commission européenne.  Selon un sondage Ipsos pour Brut et France info, seulement trois jeunes sur dix se disent certains d’aller voter. Laure et Robin, eux, en sont sûrs, savent pour qui et surtout pourquoi.

Cinq ans plus tard, c’est la même. Déjà en 2019, la liste du Rassemblement national menée par Jordan Bardella était arrivée en tête des élections européennes en France. Aujourd’hui, les intentions de vote montrent que 33% des Français comptent voter pour lui. Un résultat le plaçant clairement devant les 38 autres listes.

Robin, lui, fait partie de ce pourcentage. Il est décidé. Ce sera Bardella. A 23 ans, c’est la première fois qu’il ira voter aux Européennes. C’est un événement qu’il juge important : “Aujourd’hui la France n’a plus aucun pouvoir car les directives européennes prévalent sur celles du pays.” Pour lui, ces élections sont presque plus importantes que les présidentielles. Laure, 28 ans, est du même avis. Pourtant, elle va voter la liste d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) menée par Marie Toussaint.

Intérêts et priorités différentes

Laure a du mal à se souvenir des élections européennes de 2019. “A cette époque, j’étais beaucoup moins politisée que je ne le suis aujourd’hui. J’ai pris conscience de beaucoup de choses depuis.” Durant les années Covid, Laure a développé une éco-anxiété. “J’ai avalé beaucoup d’infos pas très optimistes.” Aujourd’hui, ça va mieux. “Je fais ce que je peux au quotidien.” Mais une chose est sûre, ses priorités tournent autour de la justice sociale et environnementale. “Les mesures sociales ne pourront pas être appliquées sans penser à l’environnement.” Si elle vote Toussaint, c’est aussi pour être sûre de ne pas trop laisser la place à certains.

Chaque vote comptera pour les EELV. A peine au-dessus des 10% l’été dernier, ils sont tombés en dessous des 6% dans les intentions de vote. On est loin du score du RN. Un parti qui représente le mieux les opinions de Robin : “C’est un programme qui va d’abord protéger l’intérêt des français. Et comme a indiqué Jordan Bardella, les intérêts de la France doivent passer avant ceux de l’Europe. Il est important qu’on retrouve notre souveraineté énergétique.” Une autre de ses priorités : l’immigration.

Problème de sécurité interne

L’immigration inquiète Robin car, selon lui, la France n’a pas les moyens à l’heure actuelle d’accueillir les migrants. “L’Europe doit déployer une politique migratoire plus stricte pour protéger ses concitoyens face à une délinquance obtenue suite à la misère de l’accueil de ces personnes.”

Laure, elle, voit plus la bigger picture : “Ce qui me fait peur, ce ne sont pas les gens qui sont déjà là. C’est ceux qui vont arriver en masse à la suite des catastrophes écologiques à venir.” Selon un rapport Groundswell publié en 2021, la Banque mondiale a averti que d’ici 2050, le changement climatique risque de contraindre 216 millions de personnes à migrer à l’intérieur de leur pays.

 L’écologie, au coeur des préoccupations des jeunes

Selon une étude d’Ipsos en 2021, 79% des jeunes se disent préoccupés par la thématique du réchauffement climatique. Laure se sent bien au sein de la lutte écologique. “Je sens que la lutte est saine car ils disent “préservez-vous parce qu’on doit tenir le coup et s’entraider”. On a conscience du chemin à faire ensemble et de la bataille à conduire contre les gens qui essaient de faire perdre du temps à leur profit.” C’est pour cela que voter EELV aux Européennes lui semble la meilleure solution, même si elle hésitait avec LFI ou PS. “Toutes les luttes pour la biodiversité, les bouts de nature et de populations, doivent être défendues au niveau mondial, donc naturellement ça passe par l’Europe.”

Robin est aussi intéressé par l’écologie. Néanmoins, ce n’est pas sa priorité, car “sans économie, il n’y a pas d’écologie.” Pour lui, le RN, malgré ce que l’on en pense, est engagé écologiquement. Au programme, la relance nucléaire. “C’est l’énergie la plus propre et décarbonée, et la plus sûre à l’heure actuelle. Réduire le coût de l’énergie doit devenir une priorité pour relancer l’industrie, pour retrouver du pouvoir d’achat et donc pouvoir investir cet argent dans de la rénovation énergétique et dans l’écologie.”

Économie, écologie… Que faire ?

Laure ajoute : “Mais quand on parle d’écologie, on ne parle pas que d’énergie ou de nucléaire.” Pour elle, la priorité c’est la survie de notre environnement, pas l’économie. “Si on veut avoir des sous et taxer très peu de gens, il faut taxer les énormes fortunes.” C’est en tout cas une des solutions que les partis politiques de gauche avancent tous. Au Parlement européen, nombreuses sont les mesures sociales ou environnementales pour lesquelles le RN s’abstient de voter, ou vote contre.

Robin renchérit alors: “Le RN intervient également sur d’autres sujets d’écologie, notamment la biodiversité. Ils proposent par exemple la réinstauration de haies ou la création de programmes de formation à l’écologie dès le plus jeune âge.” Laure, souriante, répond : “Ça en soit c’est bien, mais ça ne vient pas d’eux !”

Célia Simon

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