×

Dix heures par jour devant les jeux vidéo : « Je dirais que c’est une passion addictive »

Photo Benjamin Ecuyer

Dix heures par jour devant les jeux vidéo : « Je dirais que c’est une passion addictive »

ENTRETIEN-Âgé de 24 ans, Benjamin Durget est auxiliaire de vie scolaire. S’il mène une vie plutôt classique aux côtés de sa famille, il a néanmoins connu un passé plus terne, bloqué dans le monde des jeux vidéo. Pour z’Est, il revient sur ses années de « gamer » qui l’ont autant comblé qu’enfermé.

« J’ai commencé à jouer aux jeux vidéo lorsque j’avais quatre ans, en 2004 », lance Benjamin Durget, un brin nostalgique du temps qui a passé. Comme Obélix, il est tombé dedans tout petit et n’a cessé de cultiver sa passion qu’il qualifie aujourd’hui « d’addictive ». Sa madeleine de Proust porte deux noms : la série de jeux vidéo Call of Duty et Valorant. Devenu professionnel en 2015, il a déjà effectué six déplacements dans l’hexagone et a participé à plus de deux cent tournois depuis son domicile. Des tournois qui se déroulaient très tard, souvent entre 20 h et 6 h du matin.

Les jeux vidéo pour refuge

Cette passion quasi obsessionnelle débute par un véritable attrait. Pourtant, très vite, elle est alimentée par de multiples autres causes. Solitude, harcèlement scolaire et mutations professionnelles de son père poussent le jeune homme à trouver un exutoire. « Toute la journée, je ne pensais qu’à jouer, à m’évader. J’étais prêt à tout pour qu’on me fiche la paix ; même de me couper du monde extérieur », souligne Benjamin Durget. Cet isolement l’éloigne de ses parents qui ne comprennent pas son engouement. Plein de remords, le jeune homme se rappelle avoir « refusé des sorties familiales » pour rester devant ses écrans. Avec une moyenne de jeu qu’il estime à « dix heures quotidienne », il a déjà passé des journées à jouer près de « dix huit ou dix neuf heures ».  

« Il est passé à côté de son adolescence »

Mathys, son petit frère, revient sur la période où il l’a vu « basculer ». « C’était quelqu’un qui sortait beaucoup avec quelques amis. Puis il a commencé à s’isoler et à rester enfermé », commente le jeune frère avant de reprendre : « Il n’est pas sorti de ses 16 ans à ses 20 ans ; il est passé à côté de son adolescence. Il a même passé un bac qui ne lui plaisait pas. » Pourtant, en cette période difficile, Benjamin Durget trouve la force de faire du sport. Il joue au tennis de table avec Mathys au club de Neuves-Maisons et s’engage même dans le championnat par équipe. Mais ses absences répétées lors des matchs provoquent les foudres d’un de ses coéquipiers, Stéphane Barragan. « Lors d’un match important, il m’a dit qu’il ne pourrait pas jouer car il était blessé. En réalité, il était monté sur Paris pour faire un tournoi de jeux vidéo », se souvient-il encore amer.

Une addiction rémunératrice

Benjamin Durget a toujours considéré les jeux vidéo « de passion comme une autre ». Le jeune homme qui n’a pas joué depuis quelques jours poursuit : « Parfois, j’ai moins envie de jouer. C’est comme quelqu’un qui fait beaucoup de sports et qui stoppe pour souffler. » Comme dans le sport, il a pu faire des rencontres et tisser des liens sociaux. Mais là encore, derrière un écran. « Quand je ne joue pas en compétition, je joue à des jeux plus softs en réseaux avec mes potes. En ce moment, le Loup Garou », confie-t-il.

Depuis quelques années, il est rémunéré pour jouer. « Quand j’ai commencé à être payé, mes parents ont compris que c’était devenu sérieux », sourit-il avant d’enchaîner : « Je gagne plusieurs centaines d’euros certains de mois. J’ai déjà fait des collaborations avec certains streamers et remporté une PS5 il y a quelques mois. ».

Pour les plus jeunes, Benjamin Durget a un conseil qu’il aurait lui-même aimé entendre : « Si c’est une passion il faut foncer mais ne pas oublier le reste autour… comme j’ai pu le faire. »

Benjamin Ecuyer

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Share this content:

Laisser un commentaire