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Diminution de la consommation d’alcool en France depuis 50 ans : où se situe la jeunesse ?

Selon l’INSEE, En 30 ans, entre 1992 et 2021, la part d’adultes déclarant boire de l’alcool tous les jours a été divisée par 3. Photo illustration Pixabay

Diminution de la consommation d’alcool en France depuis 50 ans : où se situe la jeunesse ?

COMPRENDRE-La consommation d’alcool en France a nettement diminué au cours des 50 dernières années, en grande partie grâce à des politiques de santé publique efficaces et à une prise de conscience accrue des risques pour la santé. Il y a toutefois une tendance actuelle vers des consommations moins fréquentes mais plus importantes en volume.

Selon l’INSEE, En 30 ans, entre 1992 et 2021, la part d’adultes déclarant boire de l’alcool tous les jours a été divisée par 3. Photo illustration Pixabay.

Depuis les années 1960, la consommation d’alcool en France a connu une baisse significative. Selon les données de Statista, la consommation annuelle d’alcool par habitant est passée d’environ 200 litres en 1960 à seulement 80 litres en 2018. Cette diminution est principalement attribuée aux politiques publiques de lutte contre l’alcoolisme, comme la loi Évin, et à une prise de conscience accrue des risques liés à l’alcool.

Différents types de consommation

Au fil des décennies, les habitudes de consommation d’alcool chez les jeunes Français ont évolué de manière significative. Contrairement aux générations précédentes, les jeunes d’aujourd’hui ne cessent pas nécessairement de consommer de l’alcool, mais ils le font différemment, souvent de manière plus modérée et consciente. Victor Treib, 23 ans, employé chez Aubade à Metz, n’a pas complètement arrêté sa consommation d’alcool mais l’a “limité fortement” depuis deux ans. “A l’époque, je buvais environ trois ou quatre fois par semaine et surtout, c’était en plus grande quantité à chaque fois.” Victor a fait le choix de se restreindre pour des raisons de santé physique. “Je me suis mis à faire beaucoup de sport et les deux modes de vie n’étaient pas compatibles.” Il a eu un déclic, aujourd’hui l’alcool c’est seulement “de temps en temps”. Les statistiques montrent une diminution notable de la consommation quotidienne d’alcool. Selon Santé Publique France, la proportion de jeunes adultes consommant de l’alcool quotidiennement a nettement diminué, reflétant une tendance vers des modes de vie plus sains et équilibrés. Il semblerait également que les jeunes se tournent vers un mode de consommation “plus sain” avec des alcools “de meilleure qualité”. La consommation de vin, historiquement élevée en France, a fortement chuté. Les jeunes adultes se tournent de plus en plus vers des vins de qualité (IGP, AOP) et d’autres boissons alcoolisées de meilleure qualité, telles que les bières artisanales et les spiritueux premium .

Source INSEE

Les modes de consommation d’alcool en France continuent d’évoluer. Selon une étude Santé publique France, les consommations quotidiennes et hebdomadaires ont diminué au cours des dernières décennies, reflétant une baisse des volumes de vente.

Les modes de consommation actuels

En 20 ans, entre 2000 et 2021, la part de consommateurs hebdomadaires a été réduite d’environ un tiers. Toutefois, les alcoolisations ponctuelles importantes (API), c’est-à-dire la consommation de grandes quantités d’alcool en une seule occasion, ont augmenté. Lou Dupéront, 23 ans, l’a bien remarqué. Il y a plus d’un an, l’étudiante en hôtellerie à Reims, s’est convertie à l’Islam et, par la même occasion, elle a stoppé complétement sa consommation d’alcool. Lors des fêtes et événements, elle ressent la pression sociale de ne pas boire. “Ma famille ou mes amis me tendent des verres, ils disent que ça ne fait pas de mal. C’est vrai qu’en France, l’alcool, c’est tout un mode de vie.” De la même façon, Maud Lescure, en école d’architecture de Reims, ressentait une “pression sociale” lors des soirées étudiantes. “ Je me sentais un peu exclue si je ne buvais pas, je ne passais pas un bon moment.”

Statista : “Il faut attendre 1956 pour que l’État interdise la distribution d’alcool dans les cantines, et seulement pour les moins de 14 ans à cette date”. Photo illustration Pixabay.

Ce qui poussent les jeunes à arrêter de boire

Comme le rapporte Guylaine Benech, consultante en prévention des conduites addictives dans une interview de janvier 2024 à 20 Minutes: « Les jeunes gens que je rencontre sur le terrain ne disaient jamais que l’alcool était une drogue, c’est beaucoup plus le cas aujourd’hui ». On observe également un changement des normes sociales, où la sobriété est de plus en plus valorisée dans certains cercles sociaux, notamment chez les jeunes urbains et dans les milieux étudiants. Les jeunes peuvent ainsi se sentir moins enclins à consommer de l’alcool de manière excessive. “En soirée, j’ai ré-appris à m’amuser en soirée et à engager des conversations” sans l’aide de l’alcool, illustre Théo Roland, 22 ans, sobre depuis six mois. 

En France, le coût de la vie a augmenté au fil des ans, ce qui peut rendre l’alcool moins abordable pour les jeunes. En particulier chez les étudiants, les boissons alcoolisées peuvent être perçues comme des produits de luxe. “Mes soirées me coûtent bien moins chères”, s’amuse Théo.

Les dangers d’un consommation excessive

“Depuis neuf mois, j’ai complètement arrêté suite à une hospitalisation.” Pierre Dubosclard, 22 ans, a fait en septembre dernier une pancreatic necrosis. D’après le dictionnaire de l’Académie de Médecine Française, elle est la plus grave des complications des poussées de pancréatite aigüe, elle s’accompagne d’une mortalité élevée. “J’ai frôlé la mort à cause de ça”. Cet événement, les opérations et les deux semaines en réanimation qui suivirent ont été un réel électrochoc. Avant ça, le jeune homme buvait énormément : “en moyenne trois bouteilles de vin par jour, ma vie ne tournait qu’autour de ça”. De cet événement “assez traumatisant”, Pierre en retire “que du positif”. Il note notamment une nette amélioration de sa santé physique et mentale, une économie d’argent. Globalement, l’arrêt d’alcool pour lui a été synonyme d’une meilleure qualité de vie. La consommation excessive d’alcool est un facteur de risque majeur pour plusieurs maladies graves, touchant divers systèmes de l’organisme. En effet, une consommation excessive d’alcool peut entraîner des maladies du tractus gastro-intestinal, telles que la gastrite, la pancréatite aiguë et chronique, et des ulcères. La nécrose pancréatique, comme celle subie par Pierre Dubosclard, est une complication grave de la pancréatite aiguë liée à l’alcool. D’après les chiffres de la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE) et de l’Inserm, en France, l’alcool est responsable de nombreux cas de pancréatite, il est la cause principale dans 40% à 70% des cas.

Angèle Poillet

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