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Après avoir été victime de harcèlement, Léo s’engage pour une « ouverture des esprits »

Léo espère que les établissements scolaires puissent avoir plus de moyens pour lutter efficacement. Photo : M.L

Après avoir été victime de harcèlement, Léo s’engage pour une « ouverture des esprits »

ENTRETIEN-Léo est étudiant en commerce. À 22 ans, il vient de se décider à parler de son orientation sexuelle à ses proches, à cause d’une période de harcèlement qui l’a profondément marqué. Sur ses réseaux sociaux, il s’indigne des discriminations subies par les jeunes et se questionne sur les moyens de sensibilisation.

« Être bisexuel n’est pas mon identité. » Léo, 22 ans, a vécu des discriminations qui l’ont poussé à s’affirmer pour faire respecter ses convictions. « Je suis Léo avant tout et je refuse d’être défini par mes choix, qui ne regardent que moi. » L’étudiant en commerce a traversé des épreuves personnelles marquantes qui ont forgé son caractère. « Je savais déjà que je pouvais être aussi attiré par les hommes. J’ai décidé d’en parler à un ami, qui a choisi de s’approprier cette information et de la divulguer. » Marqué par le harcèlement qu’il a subi dans la foulée, il a eu du mal à accepter ce qu’il ressentait. « C’est une période douloureuse qui m’a endurci. Si je ne l’avais pas vécue, je ne serais peut-être pas comme ça aujourd’hui. » Après avoir franchi cette épreuve, et pour avancer dans sa démarche d’acceptation, Léo a alors fait confiance à son cercle très rapproché. « J’ai eu besoin d’en parler à mes amis plutôt que de l’exposer et de le crier sur tous les toits. Je n’avais pas envie de revivre les éléments qui ont fait que j’ai mis plus de temps que les autres à m’accepter. » 

Un engagement personnel pour pallier la solution scolaire

Victime de moqueries et de rumeurs, Léo s’indigne désormais contre les cas de harcèlement qui peuvent atteindre un point de non-retour. Lors de l’affaire Lucas, du nom du collégien qui s’est suicidé dans les Vosges après avoir été harcelé, il s’est emparé de ses réseaux sociaux pour exprimer son dégoût face à ses quelques milliers d’abonnés. « J’en ai parlé autour de moi avant et je me suis lancé », replace Léo. « Concernant Lucas, c’est clairement cracher sur sa mémoire que de décider de ne pas condamner les personnes qui sont selon moi responsables de sa mort. C’est vraiment honteux et c’est pour ça que j’ai décidé d’en parler. » Au vu de son parcours, Léo est particulièrement sensible aux enjeux du harcèlement scolaire et regrette un manque d’implication et de moyens mis en place par les établissements pour répondre efficacement à ces problèmes. « Je pense que l’Éducation nationale n’a pas toutes les clés en main pour lutter contre ça. Il y a quand même du travail à faire, et j’aimerais bien m’engager là-dedans, essayer de faire en sorte que ça change. » Avec sa détermination et ses convictions, il envisage de créer sa propre association pour, imagine-t-il, aider d’autres jeunes à accepter et à affirmer qui ils sont, tout en luttant contre l’intolérance et le harcèlement.

Ne pas se marginaliser

À la veille du début du mois des fiertés, Léo exprime des réserves sur les conséquences potentielles de manifestations comme la Pride. « Bien que je soutienne ces événements, c’est important de se dire qu’il ne faut pas se mettre à l’écart de la société pour ne pas renforcer les préjugés existants. » Il croit d’ailleurs fermement que le changement doit passer par une inclusion active et une éducation ouverte dès le plus jeune âge. En attendant, le jeune homme se démène pour être considéré pour ce qu’il est, et non pas pour ce qu’il ressent.

Mattéo Lourenço

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