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A la place d’une victime de l’alcool : une lutte au quotidien

La vitesse excessive ou inadaptée et l'alcool restent en 2023 les deux premiers facteurs enregistrés par les forces de l'ordre (respectivement pour 28 % et 23 % des présumés responsables) selon le ministère de l’intérieur. Photo Pixabay

A la place d’une victime de l’alcool : une lutte au quotidien

FICTION-L’alcool. Synonyme de soirées, bonne humeur, vacances. Une baguette et un verre de vin : qui ne boit pas d’alcool n’est pas français. Et puis, une bière de temps en temps ça ne peut pas faire de mal. Pas vrai ? La rédaction de Z’Est s’est glissée dans la peau de deux victimes de l’alcool pour montrer les ravages de cette drogue acceptée par la société.

L’alcool, c’est une drogue, aussi vicieuse que l’iceberg pour le Titanic. La partie amusante que l’on voit au loin quand on est jeune, que l’on a envie d’aller visiter. Alors on saute sur un canot. On met les gaz à fond pour rattraper les autres. On file à toute vitesse vers le glaçon. Cheveux au vent, l’air frais nous fouette le visage. C’est la course, l’euphorie du moment nous pousse à accélérer encore. 

CRAC. 

On n’est pas encore arrivé qu’il est déjà trop tard. On vient de percuter un énorme bout de glace. Notre embarcation est cassée, et nous, gravement blessé. Alors on regarde autour de nous : des dizaines d’obstacles entourent notre objectif, il en devient inatteignable. On ne les avait pas vus, dira-t-on, tant nos yeux étaient fixés sur notre cible. Mais c’est trop tard. On coule.

Et c’est bien le problème. Il est difficile de se frayer un chemin vers l’alcool cool en évitant la dépendance qui gravite autour de cette drogue. Invisibles auprès des autres, les addictions prennent différentes formes au quotidien et brisent des vies. 

Mise en situation.

18h35. Le quadragénaire gare sa voiture dans un crissement de pneu. Il est peut-être prof, médecin ou ouvrier. Ses journées sont longues, son emploi ne lui plaît plus. Mais il le subit car, après tout, il faut bien nourrir sa famille. Il soupire, traverse son jardin, monte les marches de son logement. Il ouvre sa porte, le cliquetis de ses clés retentit dans le silence lourd qui l’entoure. Mais il sourit car derrière l’attendent sa femme et ses trois filles adorées. 

18h45. Son sac a volé dans un coin, il espère ne plus se soucier de son job pour la soirée. Ses enfants sont venus le saluer avec un sourire, il embrasse machinalement sa femme, comme tous les soirs. La douce odeur d’un rôti plane dans la cuisine, signe d’un bon repas. Ce soir, il a envie de se détendre. Il va chercher une bière, s’installe sur le canapé, allume la télé. Il essaye d’évacuer le stress de la journée qui s’accroche à lui comme une sangsue. Il change de chaîne, boit un coup. Ça fait du bien de s’asseoir. 

19h00. Le repas est prêt. Sa femme l’appelle. “Oh c’est bon, laisse-moi me poser un peu.” C’est vrai quoi, il se lève à six heures tous les matins pour subvenir à leurs besoins. Il n’a pas arrêté de la journée. Il a le droit à sa pause. Il retourne chercher une autre bière. 

19h30. Une séquence pub interrompt son programme. Il est peut-être temps d’aller manger. Quand il se lève, il bascule les trois bouteilles vertes en équilibre devant lui. Il se sent mieux, un peu joyeux. Il a envie de taquiner ses filles, de leur demander comment s’est passée la journée. Ça va être un bon repas. 

20h30. L’homme accompagne son gibier d’un, puis deux verres de vin rouge. Quand il pense à la manière dont sa femme gâche cette si belle pièce de viande en buvant de l’eau. Non, vraiment, rien d’autre que ce Pinot gris n’aurait pu si bien sublimer son assiette. 

Il est tellement heureux de retrouver ses filles. Il les aime plus que tout. Voir leurs petites bouilles fragiles, il a tellement envie de les protéger du monde extérieur. Mais il est impuissant, seul. Alors il les met en garde. Il leur rappelle tous les dangers que comprend la vie, comment les éviter, combien il les adore. Il a parlé tout le long du repas, sans laisser sa famille en placer une (seule). Mais c’est bien. Il a l’alcool joyeux aujourd’hui. Un sourire poli sur les lèvres, la grande sœur répond à ses questions pour éviter qu’il ne s’énerve. La cadette s’enferme dans un mutisme désarmant. Quant à la petite dernière, elle ne comprend plus rien. Hier, ses grandes sœurs lui ont ordonné de ne pas parler à papa, sinon il lui crierait dessus. Et ce soir, elles lui ont dit de lui parler. Sinon il lui crierait dessus. 

21h30. Les filles se sont enfuies dans leur chambre pour éviter les discussions d’un ivrogne en quête de soutien psychologique. Alors il parle à sa femme. Il refait le monde, revit son enfance difficile, avec ses parents mal-aimants pour essayer de combler ce trou qu’ils ont laissé dans sa poitrine, dans son cœur même, on peut le dire. Aujourd’hui, il a trois filles dont il est très fier, une femme aimante, une belle maison. La vie est belle, mais il ressent toujours ce manque dont il n’ose pas parler. Les sentiments, c’est tabou quand même. Parler de son passé, oui, de son présent, non. L’alcool l’aide à se voiler la face. Car au final, il a des filles qui le fuient, une femme qui l’écoute par peur de ses réactions et un travail qu’il déteste. Alors il reprend une bière pour oublier qu’il recommencera demain.

L’alcool s’est imposé à lui sans même qu’il ne s’en rende compte. Mais était-il vraiment la solution ?

L’air du temps :

Une certaine avancée de l’opinion publique se ressent ces jours-ci au sujet de l’alcool. On le voit notamment à la polémique qui a suivi les propos adressés par Léa Salamé à Artus lors de son émission Quelle époque ! du 27 avril. “J’ai arrêté de boire et de fumer”, lui avait confié son invité. “Ah, vous êtes devenus chiant”, avait-elle répondu. Lynchée par la presse et les réseaux sociaux, la journaliste a fini par s’excuser quelques jours plus tard. 

Mais le problème va plus loin que ces quelques mots. La réplique de Léa Salamé illustre parfaitement la complaisance générale des Français envers l’alcool, boisson légale qui n’en reste pas moins une drogue. 

Accidents, dépendance d’un proche, il y a aussi de nombreuses victimes collatérales de l’alcool. Mais des solutions existent pour aider ou se faire aider, et la prévention auprès des plus jeunes limite le phénomène de mode. 

La rédaction de Z’Est

Pour plus d’information, contacter Alcool info service au 0 980 980 930 ou rendez-vous sur https://www.securite-routiere.gouv.fr/dangers-de-la-route/lalcool-et-la-conduite

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